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Publié par Doyenné Pau-Périphérie

L’accueil des personnes en deuil

Mardi 4 décembre 2012

Père Michel Dagras

(notes)

 

 

Accueillir les personnes en deuil pose un problème de relation et de communication délicat.

Il convient d'y réfléchir en le considérant d'abord au plan le plus fondamental, celui de l’anthropologie.

 

Au plan des réalités humaines les plus élémentaires

 

Trois composante principales entrent en jeu et interfèrent dans la communication entre les personnes : un émetteur, un récepteur et la relation qui s’établit entre eux.

De multiples difficultés apparaissent au fur et à mesure que se développe cette interaction.

On observe en particulier l'intervention parfois subtile mais toujours réelle de filtres et de tamis (ils se recouvrent comme les pelures d’un oignon, les plus apparentes cachant les suivantes). Ils provoquentfondent l'interprétation des messages. Façonnés par l'histoire de chacun, ils personnalisent les individus et la culture dans laquelle ils vivent. Nous pouvons ainsi repérer des composantes

physiques (âge, santé)

psychologiques (émotivité, sensibilité, tempérament). A la variété des caractères correspond une diversité d’interprétations.

l’image que l’on peut se fait de soi et de l’autre

les attentes respectives

la profession, la position sociale

l'éducation, la culture

les options politiques, religieuses

L'ensemble constitue le cadre de référence, c'est à dire toutce à quoi on se réfère, consciemment ou non, quand on émet ou reçoit un message.

Comment traverser cet ensemble afin de communiquer positivement avec l’autre ?

Première exigence, majeure, la nécessité de l’écoute. L'absence d'écoute empêche de connaître l'autre et par là les points d'appui d'un codage pertinent de ce qu'on veut lui communiquer en évitant ainsi les risques d'une interprétation déformante (Cf. le livre de Jacques Salomé : « Parle moi, j’ai des choses à te dire »).

Pour bien communique il est également important d'être au clair sur les objectifs respectifs  et les enjeux (les siens et ceux des interlocuteurs) de la communication:chercher à convaincre, inviter à réfléchir, se faire bien voir, ...Qu’est ce que je cherche ? le convaincre, lui proposer de réfléchir, bien me faire voir … L'idéal serait  évidemment que l’offre et la demande s'harmonisent.

 

 

Au contact des personnes en deuil

 

Une question de langage

 

Un problème important est celui du langage à employer. Or nous sommes à ce propos très démunis.Quel Nous disposons certes du français .. mais les mots tournent court, on ne sait quoi dire. On puise dans un arsenal d'expressions toutes faites et plus ou moins pertinentes : sincères condoléances …  nous partageons votre peine ...

Des images belles, profondes, poétiques, viennent à la rescousse, sur fond de foi chrétienne :   « Il est passé sur l’autre rive…il est dans la maison du Père… Sur le seuil de sa maison, notre Père t’attend et les bras de Dieu, s’ouvriront pour toi… »

La tenue vestimentaire « parle » elle aussi : les vêtements de deuil par exemple.

Les gestes de sympathie et d'affection, embrasser, deviennet les langages les plus forts.

Toutes les manières de s'exprimer se conjuguent dans une sobriété respectueuse. La liturgie, dans sa mission d'exprimer l'indicible recourt à cette diversité.

 

La  rencontre dans un dialogue respectueux de l'altérité

 

Grâce au dialogue le « retour d'information » exprimé par l’autre, négatif fait changer de statut : l'émetteur devient récepteur et réciproquement.

Dans cette expérience de l’altérité :

- nous évaluons notre capacité de nous faire comprendre

- nous sommes enrichis par des apports venus de la différence de l'autre par rapport à ce que nous sommes. Différence voulue par Dieu (Cf. 1Co.12) et dont l'acceptation est signe de mâturité humaine. L’âge adulte est en effet celui de la gestion positive de l’altérité dans l'humble reconnaissance que pour devenir ce que nous sommes nous avons besoin des autres.

 

Dans l'épreuve du deuil, la douleur de la séparation est extrême. L’amour de l’autre, désormais disparu, est appelé à prendre une autre forme, inusitée, à découvrir mais capable de soutenir dans la décision de continuer à vivre.

 

Réponse aux questions du matin :

 

A propos de l’harmonisation des pratiques

 

La tradition véritable ne se satisfait ni de la répétition rigide ni d'une uniformité absolue. Il convient d'innover sur la base de fonds communs précisés par la liturgie et les orientations pastorales.

 

Que répondre aux questionnements des familles ?

 

Répondre sur toute requête de l'espérance qui est en nous ...Ce mot du Concile ouvre le témoignage de foi en la vie éternelle :  « Nous le (la) croyons auprès de Dieu »

Des gens croient, d'autres pas ! Des rites sont à éclairer te doivent faire tremplin pour faire entrevoir ce qu'est la foi de l'Eglise en la vie éternelle.  On ne parle pas de la même façon pour chaque génération. Des langages sont à trouver, il faut faire du neuf, être à l'écoute disponible.

La liturgie a à intégrer le mystère de la Pentecôte.

 

Il convient également de se présenter comme représentants de la communauté chrétienne qui manifeste combien elle partage leur peine.

 

Après –midi :

 

Que signifie faire son deuil ?

 

C’est un éprouvant lâcher prise par rapport à la manière dont se vivait jusqu'alors la relation à l'autre. L'amour demeure mais dans la perte de la présence physique de l’autre. C'est là une rude expérience de la finitude avec l'acceptation courageuse de se remettre debout et de vivre dans la séparation.

Etre séparé, coupé… découverte humaine absolue de l’altérité dans la perte du proche disparu, sans plus de prise sensible sur lui. L'épreuve met en valeur l’importance de ne pas posséder l’autre, de le respacter dans sa diféfrence, d'accepter la distance de l'altérité et le mystère unique de sa personnalité.

Nous sommes démunis démunis et confrontés au risque du repliement sur soi, de la régression jusqu'à la perte d'autonomie dans l'assistanat. La tendance est compréhensible mais devriat rester reste dans les limites du moment difficile à traverser. Il faut alors sous-tenir la personne en deuil.

Comme le Seigneur se mettant au niveau, à la hauteur de la Samaritaine nous avons à rejoindre l'autre à la margelle de son puits. C’est insi rejoindre l’autre, en l'acceptant tel qu'il se trouve, dans une proximité où la délicatesse respecte l'altérité et le maintien de la distance qui lui est propre.

 

La compassion, cette forme latine du mot grec sympathie (littéralement souffrir avec, ensemble) devient, avec la Consolation sa compagne, le maître mot de l'attitude souhaitable. Elle est une forme de l'amour

 

Ouvertures spirituelles

 

L’autre, quel qu’il soit, est un porte Christ. Dans cette relation de compassion, le Seigneur en personne se rend présent. C’est là une conviction de la foi chrétienne.

Dans la rencontre des personnes en deuil nous avons à entendre la demande du Christ :  aime-moi, soutiens- moi, aide-moi …

 Et aimer, c’est de vouloir le vrai bien de l’autre jusqu'au témoignage - ô combien difficile dans la circonstance ! -  que l'amour de Dieu est victorieux de la mort.

 

Points d'attention concrets

 

Aider dans le quotidien, dans le partage du pain, n'est-ce pas déjà aimer ?.

Nous avons tous peur de la mort. Le Christ déclare : « N’ayez pas peur »

Croire que le défunt rencontre Dieu qui ne nous veut que du bien fonde la confiance et l'espérance chrétienne.

Aider à dépasser ainsi de fréquents  sentiments de culpabilité.

Pouvoir parler devant quelqu’un qui ne nous juge pas.

La relation humaine, s'établit au nom de la communauté chrétienne. Elle reconanît et manifeste la dignité des personnes dans leur situation familiale de fils ou de fille, le frère, de sœur, de conjoint du défunt ... en les invitant à s'exprimer et à participer comme tels dans la célébration des obsèques.

Jusque parfois au partage eucharistique du corps du Christ. La célébration est alors un lieu de communion intense avec les autres, dans la reconanissance d'un être enfants de Dieu.

 

L’accompagnement prend alors valeur d'une expérience exceptionnelle. Avec le Christ, la distance entre Dieu et l’homme se trouve supprimée. Le mur de la séparation est détruit, le voile du temple est déchiré. Dieu est là, hôte de nos cœurs. Nous sommes ainsi baignés dans l’Espérance dans la lumière de la Résurrection. Le Christ n'est plus enfermé sous les traits d'un visage particulier (Cf. Mc.16,12) Le rencontrer et l'aimer n'est pas le posséder. Au « Ne me retiens pas » à Marie-Madeleine correspond le « Je suis avec vous jusqu'à la fin des siècles ».

Désormais nos vies habitées par le Christ lui permettent de poursuivre en nous et par nous son action de Salut. Dans le deuil il souffre avec nous.

Marie a accompagné jusqu’ au bout son fils. Elle reste debout au moment le plus tragique du deuil. L’accompagnement, doit intégrer au moment opportun l'invitation à se relever, à se remettre debout.

Nous rencontrons des gens qui sont en chemin, il faut accepter de croiser leur parcours, tel Jésus au puits de la Samaritaine ou sur la route d'Emmaüs. Dans les deux cas les personnes rencontrées sont suffisamment en confiance pour consentir à vider leur sac. Et nous nous trouvons nous-mêmes en chemin. Dans les deux cas Jésus engage le dialogue avec des questions. Les questions ouvrent, les affirmations cognent !

 

L’évangile déploie ainsi comme un schéma éclairant susceptible de soustendre toutes les démarches et les situations d’accompagnement. De proche en proche elles partent de préoccupations humaines se poursuivent sur le terrain de la morale, puis de la religion et s'accomplissent finalement dans la rencontre du Christ en personne.

 

 

Aube nouvelle, dans notre nuit,

pour sauver son peuple, Dieu va venir,

joie pour les pauvres, fête aujourd’hui !

Il faut préparer la route au Seigneur.

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